Musée de la Vie wallonne

Musée de la Vie wallonneMusée de la Vie wallonneMusée de la Vie wallonneMusée de la Vie wallonne

Focus

"Une affiche pour un symbole"

L'affiche d'Anto-Carte

Placardée sur la palissade en bois qui retrace les combats du Mouvement wallon, une affiche attire l’œil du visiteur...

Supplantant de loin ces voisines de par ses qualités esthétiques, cette affiche est l'œuvre de l'artiste Anto-Carte (1886-1954).

Ornée du sceau de la commune de Jemmapes, l'affiche d'Anto-Carte voit se détacher un imposant coq gaulois accroché à l'épaule d'un jeune « sans-culottes », représentant la République, sur un fond bleu encadré d'un bord blanc et rouge. L'œuvre de l'artiste montois révèle son goût pour l'art décoratif et monumental discipline qu'il enseigne, à partir de 1932, à l'Académie royale des Beaux-Arts, menant, par ailleurs, une carrière reconnue internationalement.

En trois dates et à l'aide d'une symbolique forte, elle retrace l'histoire du monument de Jemmapes.

Le 6 novembre 1792

A Jemmapes (aujourd'hui Jemappes, commune du Borinage) les troupes de la jeune révolution française, emmenée par le général Dumouriez, défont l'armée autrichienne envoyée à leur rencontre par les puissances de la Première coalition (Autriche, Prusse, Grande-Bretagne, Espagne, Portugal, etc.).

Au début du XXe siècle...

Le journal libéral hennuyer La Province lance l'idée de la construction d'un monument pour commémorer cette bataille, chère au cœur des militants wallons les plus francophiles. Le quotidien est bientôt rejoint dans ce projet par des associations, parfois lointaines, comme la Ligue wallonne de Liège ou des personnalités politiques telles que le fougueux député socialiste de Charleroi, Jules Destrée. Rapidement, le projet se heurte à une vive opposition des milieux flamingants, hostiles, par principe, à tout ce qui évoque la France républicaine. Mais la ténacité de ses défenseurs et le succès de la récolte de fonds font leur œuvre : le monument est inauguré le 24 septembre 1911. Il s'agit d'un obélisque de granit qui atteint seize mètres de hauteur, surmonté d'un coq de bronze haut de trois mètres.

Le 25 août 1914

Les troupes allemandes, furieuses de rencontrer cet édifice érigé à la gloire de leur ennemi héréditaire, détruisent le monument. Ivres de rage et de vin, des soldats saxons mettent à bas le coq haut et dynamitent l'obélisque.

Non écrite sur l'affiche- puisqu'elle a été créée pour l'événement - l'année 1922 voit la résurrection du Coq de Jemmapes. Le dimanche 21 août, grâce à des souscriptions essentiellement belges, le mémorial est à nouveau inauguré le dimanche 21 août devant une foule encore plus impressionnante. Le maréchal Philippe Pétain, encore auréolé de son titre de « vainqueur de Verdun » y prononce un discours développant le récit d'une amitié franco-belge magnifiée par le combat commun mené dans les tranchées contre l'envahisseur germanique.

F.M.-P. - Responsable du Fonds d'Histoire du Mouvement Wallon (FHMW)



Tous les focus