Musée de la Vie wallonne

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Focus

L’incroyable aventure de Justine Tibesar ou la revanche des femmes !

Justine Tibesar à son arrivée devant la firme FN en 1932, avec les dirigeants

Une pionnière belge !

En 1931, alors âgée de 22 ans, Justine Tibesar, voyageuse aguerrie originaire d'Arlon, entame le plus grand défi de sa vie : relier l'Asie et la Belgique à moto ! Elle s'achète donc une FN M-70 350cc auprès d'un concessionnaire posté à Saïgon et apprend à conduire en 3 jours seulement. Elle quitte le Vietnam pour le Cambodge mais une grave chute l'immobilise pendant 10 jours. Cet incident n'entame en rien sa volonté. Elle reprend la route et parcourt de nombreux pays comme la Thaïlande ou encore l'Inde. Pendant son périple, la jeune femme et sa surprenante machine attirent tous les regards.

Si les routes d'Asie orientale sont périlleuses, cela n'est rien face aux terres arides de l'ouest. Justine Tibesar doit alors s'équiper d'un side-car pour transporter ses réserves d'eau et de carburant. Elle traverse le Pakistan, l'Iran ou encore la Perse où les terribles conditions de vie la rendent gravement malade. Malgré toutes ces difficultés, Justine Tibesar achève son voyage en passant par l'Europe de l'Est – presque une formalité par rapport à ses précédentes escales – et arrive à Arlon le 22 janvier 1932, avec 22.000 km au compteur. Elle est accueillie avec les honneurs par les dirigeants du département motos de la Fabrique Nationale à Herstal.

Place aux motardes

À l'instar de l'incroyable histoire de la jeune Tibesar qui se déroule en 1931, les aventures de dizaines de motardes parcourant le monde sont relatées dès les années 1920, préférant le port du pantalon à la robe et pilotant des engins puissants. Quelques petits motocycles de l'époque sont adaptés pour les dames et les prêtres, ces modèles sont d'ailleurs baptisés « ecclésiastiques »: la barre supérieure du cadre est abaissée pour laisser la place aux robes et soutanes.

Ironie du sort, même si beaucoup d'ouvrières fabriquent et testent les motos avant la sortie d'usine, les dames ne sont pas invitées à les conduire au quotidien, celles-ci étant plutôt réservées aux hommes. Il faut attendre les années 1960 pour voir les grandes marques s'intéresser réellement à ce public féminin dont l'envie de conduire grandit au rythme de son émancipation. Aujourd'hui ce temps est révolu et les motardes font partie intégrante du paysage motocycliste.

Qu'elles soient pilotes professionnelles, à l'image de Livia Lancelot, double championne du monde de moto-cross et de Laia Sanz, triple championne du monde d'enduro, ou simplement adeptes d'évasion, les femmes occupent le terrain masculin, mais concourent aussi dans des compétitions qui leurs sont totalement dédiées. Cette formule offre une visibilité aux pilotes féminins, un public et favorise ce sport auprès de celles qui n'osent pas encore franchir le pas de la compétition. C'est le cas de la Women's Cup créée en 2016 par la Fédération Française de Motocyclisme (FFM) dans le cadre des 24h du Mans et qui devient en 2018 « le Championnat de France vitesse féminin - women's cup ».

Sandra Damus, Chargée de projets, Département Médiation culturelle

Illustrations:

1. Justine Tibesar à son arrivée devant la firme FN en 1932, avec les dirigeants

2. Femmes sur FN M-86, vers 1935, coll. Yves Campion

3. Gillet écllesiastique, vers 1925, coll. Yves Campion

4. Illustration de la scénographie de l'Expo MOTO, coll. Musée de la Vie wallonne

Bibliographie:

FRANCOTTE Auguste, GAIER Claude et KARLSHAUSEN Robert, Ars Mechanica, le grand livre de la FN, Éditions La Renaissance du Livre, Bruxelles, 2007.

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