Musée de la Vie wallonne

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Focus

Fragiles noces de soie

Robe de mariée provenant de la famille Lohest composée d‘un corsage et d’une jupe, Liège, 1900.

Une nouvelle restauration grâce au Fonds David-Constant

Une magnifique pièce de la riche collection de textiles que possède le Musée a pu bénéficier à nouveau du soutien du Fonds David-Constant, géré par la Fondation Roi Baudouin.  


Grâce à ce Fonds dédié à la sauvegarde du patrimoine liégeois, la restauration de cette robe de mariée en soie couleur crème, datant de 1900, a pu être réalisée. Celle-ci se compose d'un corsage court à manches longues garnies d'un double bouffant. Les épaules et les poignets de celui-ci sont en gaze de soie ornée de dentelle appliquée. Il est garni de petits plis et entièrement bordé de pampilles en soie. La jupe longue, quant à elle, est munie d'une petite traîne et d'un large volant dans le bas, surmonté de petits plis et bordé de dentelle. Elle est ornée d'applications de dentelle et s'agrafe sur le côté avant droit. Elle était accompagnée d'un jupon bordé de volants superposés. Les tenues de l'époque accordaient un soin particulier au bas des jupons qui était immanquablement découvert lorsque la dame soulevait sa jupe pour se mouvoir avec plus de commodité. Celui-ci était malheureusement en trop mauvais état pour être restauré.

Cette toilette de mariée, provenant de la famille Lohest de Liège, présente toutes les caractéristiques de la mode féminine du tout début du 20e siècle. Un corsage près du buste à col montant, une taille affinée par l'utilisation d'un corset plus souple que celui des décennies précédentes, une jupe qui moule les hanches et s'épanouit vers le bas en corolle. Oubliée la ligne en « S » façonnée par l'association de la tournure et du corset ; désormais la silhouette s'allège et se simplifie. Les cheveux relevés dans une imposante coiffure ou un volumineux chapeau complètent habituellement la tenue. En dehors de sa couleur traditionnellement blanche, imposée par la Reine Victoria en 1840, il n'existe pas de distinction entre la robe de mariée et les autres toilettes habillées du moment. Leur richesse contraste avec la sobriété du costume tailleur utilisé couramment pour les sorties de jour. À travers les créations des couturiers et la profusion de leurs éléments décoratifs, les élégantes qui se pressent aux portes de l'Exposition universelle affichent leur réussite sociale.

Cette robe a été restaurée par Mme Kenny Damian dont l'atelier se situe à Dendermonde, le but étant bien sûr de préserver mais également de pouvoir exposer cette splendide pièce.

Elle présentait des lacunes au niveau de la doublure du corsage ou dans la gaze de soie très endommagée par endroits. De nombreuses faiblesses étaient visibles dans la fixation des pampilles et de la dentelle, ou à la taille de la jupe.

Différentes parties ont été démontées et, ensuite, soit consolidées, soit remplacées telle que la doublure des manches. Des agrafes ont été ajoutées afin de diminuer les tensions sur le tissu aux endroits de fermetures.

Les matériaux utilisés ont été choisis avec soin et parfois teintés afin de correspondre à ceux d'origine.

La conservation du textile dans un musée est un véritable défi. L'exposition à la lumière, les fréquentes variations de température et de taux d'humidité, les insectes nuisibles sont autant de facteurs responsables de sa détérioration. Le soin apporté au conditionnement des pièces textiles est déterminant dans leur conservation, surtout dans le cas de matières fragiles telles que la soie de cette robe. En plus de l'usure due au temps et à l'usage du vêtement, des pliures ou des tensions exercées sur les fibres en occasionnent la rupture. Pour toutes ces raisons, il est nécessaire de limiter la durée d'exposition du textile. Le Musée de la Vie wallonne s'efforce donc de réaliser une rotation régulière entre les vitrines de son parcours permanent et sa réserve textile. Une restauration des pièces effectuée par des spécialistes prolonge également la durée de vie de celles-ci. Grâce au Fonds David-Constant, plusieurs d'entre elles ont pu ainsi être sauvées. Le public peut les découvrir à travers une présentation dans notre musée ou à l'occasion de prêts à d'autres institutions.

Bénédicte Lamine, Collaboratrice au département Objets-Réserves (textile).

Légendes :

1. Robe de mariée provenant de la famille Lohest composée d‘un corsage et d'une jupe, Liège, 1900.

2. Robe vue de dos munie d'une petite traîne.

3. Corsage court muni de manches à double bouffant et bordé de pampilles.

4. Dos du corsage garni de petits plis et de dentelle appliquée sur gaze de soie.

5. Pampilles ornant le bord du corsage.

6. Poignet du corsage en gaze de soie ornée de dentelle.

7. Petit col montant garni de dentelle appliquée.

8. Motif de dentelle décorant la jupe.

9.et 10. Détail du corsage montrant la dégradation de la gaze de soie et sa restauration.

11. et 12. Intérieur du corsage avant et après reconstitution de la doublure.

13. Doublure d'origine de la manche et nouvelle doublure.

14. et 15. Bord de la jupe avec lacune le long de la dentelle avant et après traitement.

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