De modèles photo à espèces menacées...
La photographie animalière
C'est vers 1824 que l'ingénieur français Joseph Nicéphore Niépce invente le premier procédé photographique, ou héliographie.
Au début de la photographie, le moindre mouvement provoque un flou sur les plaques et les négatifs papiers. La photographie animalière relève alors du défi ! Ainsi, vu le long temps de pose nécessaire, les animaux pris en photo sont, le plus souvent, morts et empaillés.
Au milieu du 19e siècle, les jardins zoologiques se développent dans les grandes villes d'Europe, permettant ainsi à de nombreuses personnes d'admirer, souvent pour la première fois, des animaux exotiques. Les photographies d'animaux remplacent alors dessins et gravures et révolutionnent la zoologie. Vers 1870, le procédé se perfectionne et on voit apparaitre les premières photos d'animaux vivants, en général, des animaux de zoos. Comme les appareils ont encore besoin d'un temps de pose de plusieurs secondes, un coup de sifflet est donné afin de surprendre l'animal pour qu'il marque un temps d'arrêt permettant au photographe de prendre son cliché.
Si les animaux sauvages et d'élevage sont photographiés dès les débuts, les animaux de compagnie ne sont pas en reste. En effet, le temps de pose ayant diminué, il devient alors assez fréquent, dans les studios photographiques, de faire des portraits de chiens, seuls ou accompagnés de leur(s) propriétaire(s). Souvent, le chien est installé en hauteur, sur une chaise ou tout autre meuble, et son maître pose une main sur lui, probablement pour l'empêcher de bouger. A l'instar des chiens, les chats sont largement photographiés et deviennent les sujets de prédilection de certains photographes.
En 1882, Etienne-Jules Marey, médecin et physiologiste français, cherche un moyen de décomposer le mouvement. Suite à ses recherches, il invente la chronophotographie, un technique qui consiste à prendre plusieurs photos en rafale sur une plaque de verre. Il crée également un fusil photographique, appareil léger et mobile qui permet de prendre 12 photos en une seconde. Grâce à lui, le photographe peut désormais suivre son sujet. Suite à toutes ces évolutions, les photographes peuvent dès lors photographier des animaux vivants et en mouvement. Il faudra cependant être encore un peu patient avant de pouvoir vraiment photographier des animaux sauvages dans leur milieu naturel.
En 1888, l'invention de la pellicule par Kodak accélère les choses. La taille et le poids des appareils diminuent, permettant alors de partir facilement dans la nature pour des chasses photographiques. A la même époque, les photographies animalières se voient également dotées d'un intérêt commercial, en plus des intérêts scientifique et zoologique. En 1905, le magazine National Geographic commence à inclure des photographies dans ses pages et, un an plus tard, il publie le premier reportage photo sur des animaux sauvages. D'autres journaux et magazines suivent le mouvement et de nombreuses revues spécialisées voient le jour. Cela conduit à la véritable création du genre photographique et à la professionnalisation de la discipline.
George Shiras III, photographe et défenseur de l'environnement, profite de l'amélioration de la technologie pour mettre en place des pièges photographiques. Ces derniers sont déclenchés par les animaux grâce à des fils de déclenchement. Il est le premier à photographier des animaux pendant la nuit et plusieurs de ses photos ont été publiées par le National Geographic en 1906.
Les appareils photos vont continuer à se perfectionner, notamment grâce à certains fabricants japonais spécialisés dans l'optique. Les appareils reflex, des objectifs de plus en plus précis et les téléobjectifs simplifient la pratique. Les photographes peuvent se permettre de se tenir éloignés des animaux afin de les photographier dans leur environnement sans risquer de les importuner et de les faire fuir. Les appareils numériques arrivent ensuite et rendent la pratique plus simple et accessible.
Bêtes de concours !
Si les femmes, les hommes et les enfants ont leurs concours de beauté, les animaux, à l'instar des chiens et des chats, ne sont pas en reste. Lors de ces concours ou expositions, nos amis à poils sont jugés sur différents points. Pour espérer gagner, ils doivent correspondre au mieux à des critères très précis en fonction de leur race (poids, taille, couleur des yeux…).
Pour les chiens, ces critères sont définis par la Société Centrale Canine du pays dont est issue la race du chien. Pour concourir, le chien doit donc appartenir à une race reconnue. En Belgique, la Société Royale Saint-Hubert asbl, fondée en 1882, est la seule reconnue par la Fédération Cynologique Internationale. Elle tient le Livre des Origines Saint-Hubert qui regroupe tous les chiens de race pure nés durant une année et auxquels la Société Royale Saint-Hubert a délivré un pedigree. C'est le seul annuaire canin en Belgique depuis 1882. Pour obtenir un titre de « Champion de Beauté ou de Travail », seules les expositions, les journées de sélection et les épreuves spécialisées autorisées par la Société Royale Saint-Hubert sont valables.
Lors d'une exposition canine, les juges analysent les critères physiques tels que la taille, le poids, la couleur, la qualité du poil, la couleur des yeux, l'hygiène dentaire, la longueur de l'animal… Ensuite, lors d'une présentation, ils analysent l'allure et le comportement du chien. Le gagnant remporte un trophée ainsi qu'un lot d'une certaine valeur et le prix remporté est inscrit sur le registre du chien. Si le chien est une femelle, le prix augmente la valeur financière des chiots d'une portée et s'il s'agit d'un mâle, cela augmente le prix de la saillie.
Pour les chats, la World Cat Federation, association internationale de clubs félins, basée en Allemagne, regroupe 280 clubs à travers le monde. Elle donne la possibilité aux éleveurs des clubs affiliés d'enregistrer leur nom d'élevage international. Aussi, elle a mis en place des standards pour les chats de race (61 actuellement publiés). En Belgique, la Centrale Féline Belge organise plus d'une dizaine d'expositions. A l'instar des chiens, seuls les chats de race dotés d'un pedigree sont autorisés à participer à ces expositions. Certaines ont toutefois une catégorie « chats de maison » pour les chats sans pedigree. Comme pour les chiens, les chats sont évalués selon des critères physiques propres à leur race.
Les espèces menacées
Si nous chérissons certaines espèces, toutes n'ont pas cette chance. En effet, pour différentes raisons : peur, trafic, ignorance, plaisir de la chasse…, certaines espèces sauvages ont disparu (tigre de Java, dauphin de Chine, dodo…) et d'autres sont menacées d'extinction. Selon les scientifiques, le taux d'extinction des espèces est actuellement de 100 à 1000 fois plus élevé que durant les temps géologiques passés. Nos actions et notre manière de traiter la planète ont un impact catastrophique sur les animaux sauvages. Selon le Rapport Planète Vivante publié par le WWF en 2018, entre 1970 et 2014, les populations d'animaux sauvages ont chuté de 60% au niveau mondial. Deux ans plus tard, en 2020, les chiffres sont encore plus alarmants : les populations de vertébrés – poissons, oiseaux, mammifères, amphibiens et reptiles ont chuté de 68% entre 1970 et 2016. Pour son rapport, le WWF se base sur l'Indice Planète Vivante, calculé par la Société zoologique de Londres à partir de données scientifiques collectées sur 21 000 populations de plus de 4000 espèces de vertébrés. Mais quelles sont les causes de cette chute brutale ? Toutes résultent de l'activité humaine : agriculture intensive, surpêche, trafic, braconnage, dégradation des sols, pollution plastique et dérèglement climatique.
Contrairement à ce que l'on peut parfois croire, les animaux menacés ne sont pas toujours des animaux exotiques évoluant dans des contrées lointaines. Dans nos régions aussi, certaines espèces sont menacées. C'est notamment le cas de la loutre d'Europe. Cette espèce semi-aquatique vivant le long de cours d'eau assez sauvages a disparu de nombreuses régions d'Europe au cours du 20e siècle. Elle est protégée en Belgique depuis 1983 et on a pu à nouveau en observer en 2012. Trois menaces pèsent sur elle: le manque de nourriture, la dégradation de son habitat et les rivières contaminées par le mercure et les PCB.
Autre espèce en danger dans nos régions, celle du chat forestier, souvent appelé « chat sauvage ». Si cette espèce n'est plus menacée actuellement en Wallonie, elle a disparu à Bruxelles et, en Flandre, seuls quelques individus sont occasionnellement observés dans les Fourons. Les menaces qui pèsent sur lui ? Le trafic routier, l'isolement des populations et la fragmentation de son habitat, une forte augmentation des chats hybrides (croisement entre un chat forestier et un chat domestique) ou encore la transmission possible de maladies par le chat domestique.
Enfin, le loup est lui aussi un bon exemple de ces animaux menacés chez nous. Depuis quelques années, il est de retour dans la plupart des pays d'Europe, notamment en Belgique où il avait disparu il y a un plus de cent ans. Malheureusement, deux menaces importantes pèsent sur lui : le trafic routier et le braconnage. Si le loup est une espèce protégée en Europe depuis 1979, elle est pourtant toujours victime d'actes malveillants. L'histoire de Naya, une louve venue d'Allemagne au début de l'année 2018 pour s'installer dans la province du Limbourg, en est un bien triste exemple. En août 2018, un mâle nommé August s'installe en Belgique et se met en couple avec Naya. Malheureusement, alors qu'elle est pleine, Naya est victime d'un acte malveillant en septembre 2019. Heureusement pour August, une nouvelle femelle, baptisée Noëlla, s'installe sur son territoire à la fin de l'année. En mai 2020, cette dernière met au monde cinq louveteaux. C'est la première portée née dans notre pays depuis cent cinquante ans. Deux de ces petits sont malheureusement déjà morts, victimes du trafic routier.
Julie Joris, animatrice – Médiation culturelle
Légendes :
1. Deux vaches en pâture dans un verger, Eugène Polain, 1895
2. Maria, carte postale représentant une fillette couchée avec un chaton, août 1904
3. Mimi malade, carte postale représentant un chaton dans un pot, mai 1902
4. Fillette posant avec un chien (Saint-Bernanrd), carte postale, vers 1912-1913
5. Zélie, carte postale représentant une femme posant avec un chien dans les bras, 1904
6. Parade du cirque Mikkenie dans les rues de Liège : quatre éléphants et leurs cornacs, photo du Fonds Desarcy-Robyns, 1er septembre 1948
7. Appareil photo de studio à système de mise au point par crémaillère, de la marque Derogy, vers 1900
8. Appareil photographique instantané pour pellicule de 35mm, Eastman Kodak Company, vers 1983
9. Jeune maître et son chien lors d'un défilé canin, photo du Fonds Desarcy-Robyns, 4 juillet 1948
10. Concours d'animaux au journal La Wallonie, photo du Fonds Desarcy-Robyns, 7 mars 1948
11. Défilé canin place de l'Yser, photo du fonds Desarcy-Robyns, 4 juillet 1948
12. Peau de chat sauvage nue, fourrure, vers 1980
13. Sac-manchon en loutre, vers 1920
14. Piège à loups, métal forgé, fin du 19e siècle