Le Fonds d’Histoire du Mouvement wallon de 1970 à nos jours : essor, tribulations et renouveau
Depuis son ouverture au public en 1956, le Fonds d'Histoire du Mouvement wallon (FHMW) est sous la responsabilité unique d'Irène Vrancken-Pirson, historienne et militante (elle fut membre du Mouvement populaire wallon). Elle veille à accroître les collections et à diversifier les thématiques des documents récoltés par achats ou par dons. Réformes de l'état, questions de nationalités, souverainisme québécois ou irrédentisme du Val d'Aoste : autant de sujets nouveaux dont il convient de garder des traces pour les historiens du futur. En 1970, jugeant qu'Irène Vrancken ne peut plus suffire à la tâche, la Ville de Liège augmente le cadre du personnel affecté à la gestion quotidienne du FHMW : bibliothécaires, dactylos et magasiniers viennent en renfort de l'archiviste.
Service dépendant du département des Affaires culturelles de la Ville de Liège, le FHMW comptera jusqu'à huit agents en fonction à la fin des années 1970 : une conservatrice, un conservatrice adjointe, deux bibliothécaires gradués, un rédacteur, un commis et deux magasiniers. Mais le temps des vaches maigres approche. À partir de 1983, les difficultés financières de la commune de Liège poussent certains édiles à envisager la suppression pure et simple de ce service. Il est vrai qu'il est loin de profiter aux seuls Liégeois puisque chercheurs et étudiants, wallons, bruxellois, flamands ou étrangers viennent y puiser la matière destinée à alimenter leurs travaux.
Un temps envisagée, la reprise du FHMW par la Région wallonne se heurte au problème d'un transfert à Namur, difficile à imaginer en raison, notamment, de l'origine liégeoise des figures tutélaires du Fonds : Jean Van Crombrugge, Roger Pinon ou André Schreurs, fils de Fernand, vivent et travaillent en Cité ardente. Le personnel se réduit mais le Fonds est sauvé en 1990 : le Conseil d'administration de l'Université de Liège (ULg) décide de reprendre le FHMW, tandis que le Conseil régional s'engage à supporter le traitement d'un membre du personnel.
Depuis le départ à la retraite d'Irène Vrancken-Pirson en 1987, c'est Corinne Godefroid, historienne diplômée de l'ULg, qui préside aux destinées du Fonds. Les collections quittent le Centre culturel des Chiroux pour rejoindre la résidence André Dumont, immeuble bien connu des étudiants et philosophie et lettres qui y usèrent leurs fonds de culottes durant trois décennies. Après une dizaine d'années dans ces locaux, le Fonds déménage dans les locaux de l'ancien Institut de botanique et pharmacie de l'ULg, situés rue Fusch. La situation se dégrade après un nouveau déménagement ; cette fois vers l'ancien Institut d'astrophysique de Cointe. Les locaux sont vétustes, une inondation provoque de sérieux dégâts, la survie même du FHMW est en jeu !
En mars 2004, la volonté du Député permanent de la culture Paul-Émile Mottard de sauver le FHMW est scellée dans une convention par laquelle l'Université de Liège cède la propriété des collections et du matériel du FHMW à la Province de Liège qui décide, tout naturellement, de l'intégrer au Musée de la Vie wallonne, alors en plein travaux de rénovation et de construction de son nouveau parcours permanent. Les usagers reviennent et la visibilité du fonds est pleinement renforcée par son incorporation dans un établissement créé, lui aussi, en 1913, par des militants wallons. Ses collections sont mises en valeur dans l'exposition de référence, la seule à proposer un panorama complet des combats wallons,depuis les années 1880 jusqu'à la création de la Région wallonne.
F.M.-P. - Responsable du Fonds d'Histoire du Mouvement Wallon (FHMW)